Les abréviations des nombres ordinaux

Dès qu'il s'agit d'abréviation, on lit à peu près tout et n'importe quoi et il est clair que certaines règles simples ne sont pas connues ou pas appliquées avec toute la rigueur que le respect de la langue française nous impose. Le sujet a déjà été abordé ici-même, mais je me permets de vous imposer cette piqûre de rappel car, malheureusement, le cas des nombres ordinaux semble désespéré.

Combien de fois, ces derniers mois, ai-je vu écrit "6ème" au lieu de "6e", par exemple ? J'ai arrêté de compter.
Je vais donc rappeler la règle, fort simple au demeurant :
Excepté pour premier / première et second / seconde qui s'abrègent respectivement en 1er / 1re et 2d / 2de, tous les autres nombres ordinaux s'abrègent en "e" :
deuxième : 2e
dixième : 10e
etc.

La marque du pluriel est marquée par l'ajout d'un "s" :
troisièmes : 3es
Cette forme du pluriel se retrouve également pour "premier" et "second" :
premiers : 1ers
secondes : 2des

Donc les abréviations "ième", "ème", "nd" sont incorrectes, même si elles sont abondamment utilisées.
De là à ce que les règles changent, il n'y a qu'un pas que l'Académie française n'a pas encore franchi...

Dernier point :
1o, 2o, 3o, etc. sont les abréviations de "primo", "secundo", "tertio", ...
Et l'exposant est la lettre "o" et non le "°" de "degré". Mais il est vrai qu'il est plus facile de taper ce dernier sur un clavier et qu'il faut un œil exercé pour discerner la différence...

PARIS

Où fait-il bon même au cœur de l’orage
Où fait-il clair même au cœur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits

Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris

Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai

Rien ne m’a fait jamais battre le cœur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré

Louis Aragon, 1944

Je continuerai

Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.

Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés.

Abbé Pierre

La France (Guillaume Apollinaire)

À l'occasion de l'anniversaire de la mort de Guillaume Apollinaire, je vous propose aujourd'hui un de ses nombreux poèmes...


 LA FRANCE
Poète honore-là
Souci de la Beauté non souci de la Gloire
Mais la Perfection n'est-ce pas la Victoire
Ô poètes des temps à venir ô chanteurs
Je chante la beauté de toutes nos douleurs
J'en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux
Donner un sens sublime aux gestes glorieux
Et fixer la grandeur de ces trépas pieux
L'un qui détend son corps en jetant des grenades
L'autre ardent à tirer nourrit les fusillades
L'autre les bras ballants porte des seaux de vin
Et le prêtre-soldat dit le secret divin 
J'interprète pour tous la douceur des trois notes
Que lance un loriot canon quand tu sanglotes 
Qui donc saura jamais que de fois j'ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude
Chantez ce que je chante un chant pur le prélude
Des chants sacrés que la beauté de notre temps
Saura vous inspirer plus purs plus éclatants Que ceux que je m'efforce à moduler ce soir
En l'honneur de l'Honneur la beauté du Devoir 
17 décembre 1915

Jour des Défunts

En ce 2 novembre, jour de la fête des défunts et en hommage à tous nos chers disparus, voici un poème d'un auteur peu connu, Antoine de Latour :


Voici le jour des morts, l'âme croit les entendre ;
Mais au lieu d'un jour sombre et d'un ciel attristé,
Une heure de printemps se lève sur leur cendre,
Comme un signe de paix et d'immortalité. 
Vers les champs du repos, autour de la cité,
La foule des vivants commence à se répandre,
Et plus d'un a choisi le sentier écarté
Que peut-être demain il lui faudra reprendre. 
Ah ! vous n'êtes pas là, vous que j'ai tant pleurés,
Le hasard fit, hélas ! à vos mânes sacrés,
Pour la nuit de la tombe, un chevet solitaire. 
Mais la loi du temps cesse où la vie a cessé,
Et les larmes du cœur vont partout sous la terre
Consoler dans la mort le pauvre trépassé.
Loin du foyer, 1835