Détournement de proverbes (2)

Bonjour ! Eh oui, vous venez de perdre une heure de sommeil (ou de fiesta). Vivement le 26 octobre !
Pour vous aider à vous réveiller, voici une deuxième série de proverbes détournés de manière plus ou moins heureuse.
Bon dimanche à tous !
  • Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt.
  • Le soleil nuit pour tout le monde.
  • Les voyages forment la jeunesse et déforment les valises.
  • Noël au balcon, enrhumé comme un c**
  • Noël au scanner, Pâques au cimetière.
  • Qui aime ses lunettes ménage sa monture.
  • Qui trop embrasse manque le train.
  • Qui vole un oeuf se fait ramasser par les keufs.
  • Rien ne sert de partir à point, il faut courir plus vite.
  • Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin Nabilla sait nager.
  • Tousse pour un, rhume pour tous.

Les mots

En ce dernier samedi de mars, je vous propose un texte écrit par une consœur, Corinne MOLINA, dont je vous recommande le site, fort sympathique. J'aime beaucoup ce poème car il parle des mots, tout simplement...


Les Mots

Les mots de joie
Les mots d'émoi
Les mots de colère
Les mots de mystère
Les mots de réconfort
Les mots de remords
Les mots de gloire
Les mots de pouvoir
Les mots de tristesse
Les mots de sagesse
Les mots d'amour
Les mots de toujours
Les mots de peine
Les mots de haine
Les mots de tendresse
Les mots qui blessent
Les mots de lumière
Les mots des ténèbres
Les mots d'union
Les mots de séparation
Les mots de notre existence
Les mots d'importance
Les mots : notre reflet
Les mots : notre personnalité

Slow motion

Le slow motion... Ça vous dit quelque chose ? Il y a des chances que la réponse soit oui, cette expression barbare ayant été mise au goût du jour avec la sortie d'un certain téléphone portable au goût prononcé de pomme.
Et vous savez tous ce que ça désigne.
Oui, c'est bien ça, le ralenti !
Mais avouez que ça fait plus "classe" de dire slow motion (plus ou moins bien prononcé). C'est vrai, quoi, pourquoi utiliser un mot bien français ?
On ne va pas se fâcher pour si peu. Tenez, je vous offre ce superbe ralenti (le film a été tourné à plus de 5000 images par seconde) pour me faire pardonner...



Citation de Joël Dicker


Les mots c'est bien, Marcus. Mais n'écrivez pas pour qu'on vous lise : écrivez pour être entendu.
Joël DICKER (La vérité sur l'affaire Harry Quebert, introduction du chapitre 9)

Mentir comme un arracheur de dents

En plein milieu des élections municipales, j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant de se pencher sur cette expression fort imagée :
Mentir comme un arracheur de dents.
Encore une belle expression de la langue française ! Vous savez tous ce qu'elle signifie (mentir effrontément). Et vous trouvez que c'est bien vu, vous qui avez une sainte trouille du dentiste, surtout lorsqu'il vous dit "détendez-vous, ça ne fera pas mal." Tu parles, Charles.
En fait, ce qui est vraiment intéressant ici, c'est de savoir pourquoi on ne dit pas, justement, mentir comme un dentiste.
En fait, le mot dentiste n'est apparu que dans les années 1720. Avant, on parlait d'arracheur de dents, car à l'époque on n'avait pas le choix pour soigner une dent pourrie. Pour ne pas faire fuir le "client", le brave homme affirmait que l'"opération" ne faisait pas (trop) mal. Sans anesthésie, je vous laisse imaginer la chose...
Du coup vous avez aussi, maintenant, une idée de l'ancienneté de cette expression...

Ne pas confondre : envie et envi

Envie ou envi ? Ah, ces fichus homophones de la langue française...
Bien entendu, les deux orthographes existent, il y a donc un vrai risque de faute d'orthographe (ou de coquille car, du coup, le correcteur intégré à votre traitement de texte ne vous signalera pas de faute).

Les deux mots, malgré leur forte ressemblance, n'ont pas la même racine.
Envie nous vient du latin invidia, qui signifie jalousie, haine. Aujourd'hui, on y ajoutera le sens de convoitise,  mais aussi de désir de faire quelque chose, sans oublier le sens de besoin organique (lors d'un long voyage en voiture et en famille, "j'ai envie de..." est généralement l'amorce d'échanges pas toujours courtois, surtout lorsqu'on s'est arrêté quelques minutes auparavant).
Je cite également, pour mémoire, la tâche sur la peau.

Envi est, quant à lui, un héritage du verbe latin invitare, qui veut dire inviter, engager. En (très) vieux français, il signifiait défi, provocation. Aujourd'hui on ne le trouve plus que dans l'expression "à l'envi" (locution adverbiale) qui est synonyme de "à qui mieux mieux".

Retenons donc que envie s'écrit 9 fois sur 10 avec un "e", sauf  si on peut le remplacer par à qui mieux mieux. Facile.

Un petit exemple pour illustrer tout ça ? Allez, c'est parti !
Après le premier tour des élections municipales, les candidats encore en lice répètent à l'envi leurs promesses, pour donner aux électeurs l'envie de voter pour eux.

I comme...

I comme Icare... Et quelques autres mots dont le choix est tout ce qu'il y a de personnel...

Icare
Parce que ce mot évoque deux choses qui me sont chères : le vol et le soleil. Non, madame, pas la cire. Mais aussi parce que la mythologie grecque a rempli ma jeunesse de rêves et de grands moments de lecture (voir ci-dessous).

(l')Iliade (et l'Odyssée)
Lus (dans leurs versions simplifiées et en français) alors que les premiers boutons d'acné n'avaient pas encore fait leur apparition. M'ont alors donné l'envie de mieux connaître la mythologie grecque (l'Iliade et l'Odyssée, pas les boutons).

Illettrisme
N'a, malheureusement, toujours pas disparu.

Imberbe
Ce n'est pas mon cas (mais c'est récent : 2010).

Immortel
D'un point de vue biologique : bof. Ça ne me fait pas vraiment fantasmer. J'éprouve, en revanche, de l'admiration et un vrai respect pour les membres de l'Académie française.

Imparfait
Le lot de tous, puisque nul n'est parfait. Sinon, je préfère le présent, le futur à la rigueur...

Impolitesse
En hausse. Et n'est pas le seul fait des "jeunes". Va souvent de pair avec individualisme, à la hausse lui aussi.

Impôt
Gros mot en français. Gros maux des Français.

Incivilité et incivisme
Voir Impolitesse. Même veine. Mots de plus en plus employés dans les médias. Marronniers éculés.

Incontinent
Le plus tard possible, merci. Car il y a plus qu'un monde entre "en tenir une couche" et en porter une.

Indépendance
Pour vous trouver, pensez par vous-même”, disait Socrate. Plus facile à dire qu'à mettre en application, surtout à l'ère d'internet et de l'info continue et instantanée. Prendre du recul pour mieux voir le monde qui nous entoure, voilà une chose qu'il faut enseigner aux plus jeunes, si nous voulons qu'ils soient capables de rester libres de penser.

Indiens (d'Amérique)
Les vrais : ceux qui habitaient le continent nord-américain : Mohicans, Apaches, Sioux, Comanches... Ils m'ont fait rêver quand j'étais gosse. L'innocence de l'enfance, quand on ne voit pas le mal partout, mais qu'on ouvre les yeux et les oreilles pour absorber des histoires de l'Histoire (la bataille de Little Big Horn, ça vous parle ? Moi oui). La curiosité naturelle de gamin que j'étais encore m'a incité à me documenter sur ces peuples et sur leur disparition. Et je vous renvoie donc au mot précédent.

Indochine
En tant qu'ancien militaire ce mot est lourd, pour moi, de symboles et d'émotions. Mais, un peu à l'image de ce que j'ai découvert au sujet des indiens d'Amérique, j'ai fait l'effort de lire et comprendre tout ce que contient ce mot, tant d'un point de vue historique et politique que sous un angle purement militaire.
Sinon, et dans un tout autre domaine, écouter de temps en temps un titre du groupe éponyme me procure un vrai plaisir.

Informatique
Domaine d'activité qui a révolutionné le monde dans lequel nous vivons et qui l'imprègne si profondément qu'on finit par oublier qu'il y a quelques années seulement, l'informatique était un sujet confidentiel, réservé à quelques spécialistes au langage incompréhensible et à des secteurs d'activité pointus.
Les grincheux et autres dinosaures vous diront qu'à leur époque on vivait très bien sans. Mais ça c'était avant.

Insolence
C'est comme le cholestérol : il y a la bonne et la mauvaise insolence.

Inspiration
Muse versatile, imprévisible, parfois totalement invisible (aux abonnés absents). Intermittente du spectacle. Mais quand elle se pointe, il ne faut surtout pas la laisser partir sans l'avoir fait cracher au  bassinet.

Instituteur / institutrice
Mot rendu désuet par quelques ahuris qui ont imposé au commun des mortels, et sans leur consentement, le terme de "professeur des écoles" (au féminin incertain, ce qui est un comble). Je le dis donc sans détour : instituteur (institutrice) est un mot magnifique, aussi magnifique que le métier qu'il désigne. Il sent bon la poussière de craie et l'autorité bienveillante.

Internat
Trop souvent synonyme, dans l'inconscient collectif, de centre disciplinaire pour gosses de riches ou, au contraire, de cas sociaux. Pour avoir été interne pendant plusieurs années, sans pour autant être un gosse de riche ou un cas social, il signifie pour moi vie en collectivité, respect d'autrui, discipline tant intellectuelle que morale et enfin, plus que tout, camaraderie. Et je peux dire aujourd'hui que c'est à cette époque que j'ai connu mes meilleurs copains, ceux que l'on peut passer 25 ans sans les voir et les retrouver comme si on les avait quittés la veille.

Internet
Fils aîné de la déesse Informatique. L'ai découvert vers 1995. Mon premier site perso remonte à 1998. Presque hier. Et quand je vois le chemin parcouru depuis, j'ai un peu le vertige. Voilà qui devrait étonner les plus jeunes de mes lecteurs : oui, ma génération a vécu plus de vingt ans sans Internet (sans téléphone mobile non plus), tout simplement parce que ça n'existait pas encore pour le commun des mortels...

Isoloir
= vote = liberté d'opinion = respect => voter est un droit, mais aussi et surtout un devoir.

Ixode (ixodida)
Le premier qui me donne la définition de ce mot gagne ma respectueuse considération.
...
Acarien hématophage qui se fixe par la tête dans la peau des animaux (chien, chat) et parfois de l'homme et qui peut transmettre des maladies. Autrement dit, c'est la tique.
Se trouve en général en milieu campagnard, d'où l'expression bien connue d'ixode rural.
OK, je sors.

iBidules
C'est encore moi. Je rentre un instant pour faire un clin d'œil à tous les pommés et vous glisser cette famille de mots très récents, famille envahissante et insupportable pour certains, formidable pour d'autres : celle des "ibidules" : iPod, iMac, iPhone, iPad, pour ne citer que les plus connus de la tribu. Gosses de riches ? Certes, mais bien élevés et performants. Je peux en témoigner.

Allez, cette fois je sors et ferme la porte derrière moi.

Recommandation

 Ne le dites à personne, mais tenez-le-vous pour dit, il ne faut pas jouer avec les mots : qu'il s'agisse de demi-mots, de mots couverts ou de ceux qui veulent toujours être le dernier mot.

 Il en est qui se drapent dans leur manteau de parade et se déclarent pompeusement : mots de passe ou mots d'ordre. Ils exaspèrent tout autant qu'un bruit de scie sur la pierre. Un jour que j'avais l'un d'eux au bout de la langue, je tentai de le morigéner. Mais il s'enfuit en me laissant bouche bée.

 Ne jouez jamais avec les mots, n'essayez pas de les placer ni d'en avoir avec votre concierge. Quoi que vous fassiez, ils garderont leur mot à dire, le mot de la fin.
Retenez donc bien la leçon.

 Et motus !...

Jeanine MOULIN (1912-1998)

On

Jacques Meunier (1941-2004) est un écrivain et poète français, ethnologue de formation, qui nous a laissé de nombreux écrits. Voici un de ses poèmes. Il est probable que je vous en proposerai un ou deux autres dans l'avenir.

On 
on voyage
on s'ennuie
on s'aime
on se dispute
on se dit "vous"
on s'insulte
on conduit sa voiture
on écrit
on s'insurge
on se réconcilie
on s'imagine
on s'estropie
on s'analye
on s'esbaudit
on s'exclame
on s'ensorcelle
on téléphone
on minitèle
on se lave
on se salit
on croit en dieu
on n'y croit plus
on noctambule
on s'assagit
on mandibule
on s'assoupit
on gesticule
et c'est fini


À propos de dangerosité

Dangerosité : caractère de ce qui est dangereux. Ça va, il y a plus compliqué dans la langue française.
Saviez-vous que ce mot (que je n'aime pas trop) est un anglicisme francisé ?
En outre, il figure bien dans nos dictionnaires, vous pouvez vérifier.  Personnellement, j'avais un doute. Allez savoir pourquoi.
En creusant un peu, je me suis rendu compte que je n'étais pas le seul à ne pas trop l'aimer.
Mais il semblerait qu'il n'y ait aucun danger à l'utiliser, le suffixe "-osité" étant finalement assez courant dans notre langue (frilosité, morosité, pilosité, porosité, pour ne citer que ceux-là).
Bref, pas de quoi pousser des cris d'orfraie.
Toujours est-il que je ne le trouve pas beau, ce mot.

Pousser des cris d'orfraie

Ces derniers temps, la moindre affaire politico-médiatique fait pousser tant de cris d'orfraie (et non d'orfèvre, comme déjà entendu !) que c'en est assourdissant.
Mais d'où vient cette bruyante expression ? 
Sachez, tout d'abord, qu'orfraie vient du latin ossifraga, "qui brise les os", et qui est aussi à l'origine du mot effrayer. On en perdrait son latin.
Car l'orfraie est aussi le nom d'un rapace qui se nourrit de poissons... Mais dont le cri n'a rien d'effrayant.
Ah. Il y aurait donc comme un malentendu, là. Ou plutôt une confusion "phonétique", ce qui ne serait pas une première dans la langue française. Car il semblerait qu'à l'origine, on faisait allusion au cri de l'effraie (la chouette) qui, lui, est perçant, voire inquiétant, surtout une nuit sans lune au fond des bois. L'expression, apparue au XVIe siècle, a été conservée malgré l'erreur sur la personne (ou plutôt le volatile).
Bon, il n'y a pas de quoi pousser des cris d'orfraie, ni en faire tout un fromage. N'est-ce pas, maître Corbeau...

Ne pas confondre : élucider et éluder

Élucider ou éluder ?

La ressemblance entre ces deux mots peut être fatale. Il ne faut pas éluder la question. Alors, élucidons-la !


Élucider : Rendre clair quelque chose, expliquer ce qui était confus, obscur ; éclaircir, clarifier : Élucider la pensée de quelqu'un. (Larousse en ligne)

Éluder : Éviter quelque chose, s'y soustraire adroitement ; esquiver, escamoter : Éluder une difficulté. (Larousse en ligne)

Petit truc pour retenir la différence : élucider fait penser à lucide (qui juge, voit clairement). C'est mieux que rien.
Bonne journée !

Semaine de la langue française

En ce dernier lundi de l'hiver, je me permets de vous rappeler que, depuis samedi dernier, et jusqu'au 23 mars, c'est la semaine de la langue française.

Pour en savoir un peu plus sur cette manifestation, je vous propose de lire la page suivante :
http://www.dismoidixmots.culture.fr/?p=48611
(avec un classement par région des librairies participantes)

Dossier de présentation





Sinon, et cela n'a rien à boire voir, c'est aujourd'hui la Saint-Patrick. Et si j'aime bien ce jour, ce n'est pas parce que Patrick est mon deuxième prénom, mais parce que la bière et le whisky irlandais coulent à flot, sur fond de musique celtique, le tout dans des pubs chauffés à blanc, et que... Bref, que du bonheur !

Bonne Saint-Patrick et bonne semaine à tous !

Chats !

Deux très courts textes de Michel Deville. Parce qu'on est dimanche et que je vous ai dit hier que ce week-end était consacré à ce réalisateur, et enfin parce que ces chats-là sont bons pour les zygomatiques. Bon dimanche à tous !

Sabotage 
Ils avaient fabriqué
Un chat botté,
Mais mal :
Il zézayait,
Leur animal. 
MORALITÉ 
Le saboté.
****************
Matines 
Aux aurores, ce matin,
Circonspects, précautionneux,
J'ai vu des chats incertains,
Pour ne pas dire peureux. 
MORALITÉ 
Des poltrons minets.


Impressions

Michel Deville n'est pas seulement un grand réalisateur. Il a aussi écrit et "pondu" des poèmes (Poèmes zinopinés, Saint-Germain-des-Prés, coll. « Miroir oblique », Paris, 1972, Poèmes zinadvertants, Saint-Germain-des-Prés, coll. « Chemins profonds », Paris, 1982, Poèmes zimprobables, Saint-Germain-des-Prés, coll. « Poésie pour rire », Paris, 1987). Je vous en propose trois : un aujourd'hui et deux autres demain.


Impressions

Les chemins de Meulan,
Les champs lents de Meulin,
Les câlins des mulots,
Les halos des moulins,
Les ballots du mulet,
Les melons du Malin
Et venant de Milan
Sur le quai 2001
Les mollets d'Amélie,
L'homélie du mélo,
La Vénus de Millet,
L'Angélus de Milo.


Adoré par ou adoré de ?

Doit-on écrire "ce professeur est adoré par ses élèves" ou "ce professeur est adoré de ses élèves" ?
Attention, les mouches risquent de souffrir un peu et les cheveux d'être coupés très courts !
On peut bien entendu écrire les deux et il n'y a pas de risque de confusion dans la compréhension de la phrase.
Toutefois, et parce que la langue française nous offre l'opportunité de telles subtilités, on utilisera soit "de" soit "par", selon le contexte de la phrase.
Prenons un exemple :
Râ était adoré par les Égyptiens. Il ne vous viendra pas à l'esprit d'écrire Râ était adoré des Égyptiens. Car ce que vous voulez exprimer, c'est le fait que Râ était une divinité égyptienne et qu'ici, "adoré" est pris dans le sens religieux. Si vous remplacez Râ par Ramsès II, pharaon particulièrement populaire (ce dont je ne suis pas sûr du tout), vous auriez alors écrit qu'il était adoré (aimé) de ses sujets.
Donc, et pour mettre fin au martyr des drosophiles, dans le cas qui nous concerne aujourd'hui, "adoré" est à comprendre dans le sens d'être aimé, et non objet de culte religieux. Personnellement, j'écrirais donc plus volontiers que ce professeur bienheureux est adoré de ses élèves, qui ne l'ont pas non plus élevé au rang de divinité...
Sur ce, bonne journée.

Citation de Jules Renard (3)

Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules RENARD

Virer sa cuti

Virer sa cuti... Je ne vous parlerai pas ici de tel ou tel personnage politique ayant changé de bord ou s'apprêtant à le faire (après tout, les élections municipales sont pour très bientôt), ni de votre voisin(e) qui a subitement découvert son homosexualité (ou inversement, d'ailleurs). Je ne vous parlerai pas non plus de l'escargot, dont l'hermaphrodisme lui permet de virer sa cuti quand il le veut, comme il le veut (et si on élisait des escargots, qui seraient capables d'être à la fois de gauche et de droite, et qui...).

Bref, d'où vient-elle, cette expression  ? Ah, ça c'est intéressant !

La plupart d'entre vous ont connu le fameux BCG, vaccin obligatoire jusqu'en 2007. Et la plupart d'entre vous ont donc cette cicatrice caractéristique de l'administration de ce vaccin sur l'une ou l'autre épaule (pour les plus jeunes, demandez à un "vieux" de vous la montrer. Je parle bien entendu de la cicatrice). Le mot "cuti" est une abréviation de "cuti-réaction", méthode utilisée pour connaître la réponse d'un sujet à la tuberculine : s'il y avait réaction, la "cuti" avait donc "viré" et l'injection (ou la scarification) discrète se transformait en rougeur marquée.
On a gardé cette image de changement radical d'état pour désigner quelqu'un ayant changé de bord dans ses opinions (ou sexuellement).

Bon mercredi !

Ne pas confondre : écho et écot

La langue française, de par ses origines diverses, pour ne pas dire cosmopolites, nous offre parfois des bizarreries qu'il n'est pas toujours facile d'expliquer aux enfants ou à tout étranger étudiant notre langue.
Ainsi en va-t-il du mot écho, dont le "ch" se prononce comme dans écot, et non comme dans échaudé. Ce qui jette un froid, mais surtout peut donner lieu à des confusions orthographiques.

Écho : du latin echo, lui-même du grec ancien ἠχώ, hêkό. Vous savez maintenant pourquoi on le prononce de cette manière !

Écot : part due par chaque personne lors d’une dépense commune. Obligation financière ou contribution en général. Vient de l'ancien français escot, lui-même hérité du bas-francique skot qui signifiait impôt, quote-part. Comme souvent, dans notre langue, le "s" a disparu et a été remplacé par un accent sur le "e".

Je ne vous demanderai pas de verser votre écot pour avoir lu ce billet, mais vous serais reconnaissant de vous en faire l'écho. Merci d'avance.


(Particularité du texte d'hier : ne lisez que les lignes impaires...)

69, journée érotique

Attention : ce billet est réservé à un public averti.

Aujourd'hui, lundi 10 mars 2014, c'est le 69e jour de l'année.
69, nombre sulfureux, que Gainsbourg mit en chanson.
69, nombre érotique.

Je vous propose de marquer cette journée particulière avec un poème de George SAND (Aurore DUPIN de son vrai nom) écrit en 1835 et adressé à Alfred de MUSSET. Pour les "non initiés", je vous laisse le plaisir (ou la consternation) de découvrir la particularité de ce texte...

Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre.
Voilà voilà...

(Je dévoilerai la particularité de ce texte demain, pour ceux qui ne l'auraient pas trouvée.)


Détournement de proverbes (1)

Dimanche. Allez hop, gymnastique des zygomatiques.
Voici quelques proverbes détournés. C'est parfois un peu lourd. Mais on s'en fiche.

  • Au pays des borgnes, les cyclopes sont aveugles.
  • Au royaume des aveugles, les borgnes passent inaperçus.
  • Aux grands mots les grands dictionnaires.
  • Chassez le gars bourré, il revient au goulot.
  • Chassez le naturiste, il revient au bungalow.
  • Donner, c'est donner. Repeindre ses volets.
  • Il faut se méfier de l'eau qui mouille.
  • Il n'y a pas de fumée sans indiens.
  • L'amour rend aveugle, le mariage rend la vue.
  • Le ciseau à bois, la caravane passe.

Si les poètes étaient moins bêtes

En écho à ce que je vous disais la semaine dernière, voici un texte de Boris Vian qui n'avait pas son pareil pour jongler avec les mots, quitte à en inventer de nouveaux.

Si les poètes étaient moins bêtes
Si les poètes étaient moins bêtes
Et s'ils étaient moins paresseux
Ils rendraient tout le monde heureux
Pour pouvoir s'occuper en paix
De leurs souffrances littéraires
Ils construiraient des maisons jaunes
Avec de grands jardins devant
Et des arbres pleins de zoizeaux
De mirliflûtes et de lizeaux
Des mésongres et des feuvertes
Des plumuches, des picassiettes
Et des petits corbeaux tout rouges
Qui diraient la bonne aventure
Il y aurait de grands jets d'eau
Avec des lumières dedans
Il y aurait deux cents poissons
Depuis le croûsque au ramusson
De la libelle au pépamule
De l'orphie au rara curule
Et de l'avoile au canisson
Il y aurait de l'air tout neuf
Parfumé de l'odeur des feuilles
On mangerait quand on voudrait
Et l'on travaillerait sans hâte
À construire des escaliers
De formes encore jamais vues
Avec des bois veinés de mauve
Lisses comme elle sous les doigts
Mais les poètes sont très bêtes
Ils écrivent pour commencer
Au lieu de s'mettre à travailler
Et ça leur donne des remords
Qu'ils conservent jusqu'à la mort
Ravis d'avoir tellement souffert
On leur donne des grands discours
Et on les oublie en un jour
Mais s'ils étaient moins paresseux
On ne les oublierait qu'en deux.

Mesdames, ce jour est le vôtre !

Journée mondiale de la femme. Voilà bien un truc à ne surtout pas oublier, messieurs !
Histoire de marquer à ma façon cette journée ô combien essentielle pour la bonne marche de l'humanité, je vous livre quelques bons mots dont le sujet est le "sexe faible", qui ne vont pas me faire que des amies mais que mes congénères devraient apprécier... Bonne journée, mesdames !


  • Une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l'homme. Une femme intelligente y renonce. Colette
  • Les femmes ont à leur disposition deux armes terribles : le fard et les larmes. Heureusement pour les hommes elles ne peuvent pas s'en servir en même temps. Marilyn Monroe
  • Les jambes permettent aux hommes de marcher et aux femmes de faire leur chemin. Alphonse Allais
  • Si vous voulez plaire aux femmes, dites-leur ce que vous ne voudriez pas que l'on dise à la vôtre. Jules Renard
  • Pour une femme le premier baiser est la fin du commencement. Pour un homme, c'est le commencement de la fin. Helen Rowland
  • L'homme est fait pour attendre, et la femme pour être inattendue. Gérard de Rohan-Chabot
  • À l'égard de quelqu'un qui vous prend votre femme, la pire vengeance est de la lui laisser.
  • Je l'ai dit, je le dis, et je le répète : les femmes, je suis contre... tout contre. Sacha Guitry
  • Il y a des femmes qui n'aiment pas faire souffrir plusieurs hommes à la fois, qui préfèrent s'appliquer à un seul : ce sont les femmes fidèles. Alfred Capus

Un petit dernier, pour me faire, peut-être, pardonner :
  • Quoi qu'elle fasse, la femme doit le faire deux fois mieux que l'homme afin qu'on pense d'elle autant de bien. Heureusement, ce n'est pas difficile. Charlotte Whitton


Dire, ne pas dire...

Ces derniers temps, on voit fleurir, dans la presse et sur Internet, des articles plus ou moins bien argumentés (et plutôt mal que bien) remettant en cause le rôle et la place que tient l'Académie française dans l'évolution et la préservation de notre langue.
Ce billet n'a pas pour but d'alimenter, dans un sens ou un autre, cette polémique bien française dans son esprit.
En revanche, je tenais à vous signaler l'existence d'une page particulièrement instructive sur le site officiel de cette respectable institution :
Elle vous permettra de compléter avantageusement certaines rubriques du blog sur lequel vous vous trouvez...
Parce que la langue française le vaut bien.

Citation d'Annie Ernaux

Si j'avais une définition de ce qu'est l'écriture, ce serait celle-ci : découvrir en écrivant ce qu'il est impossible de découvrir par tout autre moyen, parole, spectacle, etc. Découvrir quelque chose qui n'est pas là avant l'écriture.
Annie ERNAUX

Bouc émissaire


Le bouc émissaire (et non le book émissaire, comme je l'ai déjà vu écrit !) est une expression qui est apparue dans la langue française aux environs du XVIIe siècle.
D'où nous vient-elle ?
Il faut sortir l'Ancien Testament (Lévitique, 16, 21-22) pour retrouver l'origine du bouc émissaire.
À la fête de l'expiation, on amenait deux boucs au grand prêtre qui, après tirage au sort entre les deux ovidés, en sacrifiait un à Yahvé et posait ses deux mains sur la tête de l'autre. Tous les pêchés commis étaient ainsi transmis à l’animal, qui était ensuite chassé dans le désert pour servir d’émissaire et y perdre tous ces péchés.
On comprend alors mieux le sens de l'expression, qui désigne un innocent sur qui retombent toutes les fautes des autres, ce qui permet à ces derniers de s'exempter desdites fautes...

Ne pas confondre : dessin et dessein

Dessin, dessein, des seins, dessins animés ou des seins animés ?... Je m'égare...
Mais c'est à dessein que je vous livre ce petit billet, et je n'irai pas par quatre chemins. Je ne vous ferai pas non plus de dessin.
Car il y a un monde entre dessin et dessein.

Dessin : inutile de revenir dessus, tout le monde connaît.

Dessein : Projet de faire quelque chose, intention, but que l'on se propose.

Et je reboucle sur l'introduction de ce billet, car le jeu de mots sur "dessin animé" est trop beau pour être vrai. Et couper dessein en deux pour en faire "des seins" est décidément trop facile... Mais peut-être cela aidera-t-il certains à en retenir l'orthographe !

Dictons de mars

... Et ça repart !
Oui, elle est nulle. Et il n'y aura probablement que les "vieux" pour comprendre ce jeu de mots idiot, mais qui fleure bon les réclames d'antan.
Bref voici, comme en chaque début de mois, une petite liste de dictons et proverbes...

  • En mars, vent ou pluie, que chacun veille sur lui.
  • En mars, quand il fait beau, prends ton manteau.
  • Le soleil de mars donne des rhumes tenaces.
  • Quand mars se déguise en été, avril prend ses habits fourrés.
  • Brouillard en mars, gelée en mai.
  • La vigne me dit : En mars me lie, en mars me taille, en mars il faut qu'on me travaille !
  • C'est en mars que le printemps chante et que le rhumatisme augmente.
  • Des fleurs qui s'ouvrent en mars, on n'a que le regard.
  • Mars venteux, verger pommeux.
  • Malgré le mauvais temps, mars prépare en secret le printemps.

Un coup de barre ? Un Mars et ça repart !
Désolé.

Pluriels

On peut jouer avec les mots et en faire des vers. Je dirais même que c'est le propre de la poésie. En voici une nouvelle illustration, amusante... et poétique.

PLURIELS 
Un bol de lait, des boléros.
Un repas, des repos.
Un minéral, des numéros.
Un lacet, des lassos.
Un meuble bancal, des bocaux.
Une écaille, des échos.
Une allée, des halos.
Un sillage, des silos.
Du chocolat, des cacaos.
Un chacal, des chaos.
Une bavure, des bravos.
Une cuisinière, des casinos.
Un gras, des gros.
Un torse velu, des vélos.
Un verset, des versos.
Un as, des os.
Un camion, des camelots.
Un matelas, des matelots.
Un canal, des canots
Un chenal, des chevaux.
Un signe astral, des ostrogots.
Du métal, des métros.
Un cannibale, des caniveaux.
Une timbale, des tombeaux.
Une escale, des escrocs.
Une rafale, des rafiots.
Une cigale, des signaux.
Une malle, des mots. 
Un pétale, des fleurs ! 
Daniel Lacotte