Rimes riches à l'œil

Le samedi, c'est poésie.
Cette semaine, je vous propose un petit texte d'Alphonse ALLAIS...
Rimes riches à l’œil 
L’homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l’homme à l’humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n’agis qu’à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu’ils soient de Château-l’Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d’où qu’ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m’entretient ! 
Alphonse Allais

Ennuyeux / Ennuyant

Ennuyeux et ennuyant : deux cousins qui se ressemblent tellement qu'on ne sait plus trop lequel utiliser. Voilà qui est enn... fâcheux.

  • Voici donc une première approche du problème, que mes amis québécois devraient aimer :

Le mot ennuyeux désigne ce qui ennuie de manière générale. 
Le mot ennuyant désigne quelque chose de contrariant.

Exemple :
Je suis allé voir le dernier film de Machin. Il était très ennuyeux.
Le retard pris par le TGV est très ennuyant car je vais rater ma correspondance.

  • Deuxième approche, plus "française" :

Ces deux mots sont synonymes.
La nuance décrite plus haut n'est plus de mise en France, où l'on considère l'adjectif ennuyant comme vieilli (Académie française, Larousse, etc...). On remplacera donc avantageusement ce dernier par ennuyeux, qui réunit les deux idées (contrariété passagère imputable aux circonstances et lassitude persistante).
Si je reprends l'exemple ci-dessus, ça donnerait donc :
Le retard pris par le TGV était très ennuyeux car j'allais rater ma correspondance. Le voyage fut en outre long et ennuyeux.
On supprime cette vilaine répétition, la langue française étant suffisamment riche pour changer un des deux mots :
Le retard pris par le TGV était très fâcheux car j'allais rater ma correspondance. Le voyage fut en outre long et ennuyeux.

Le débat autour de l'emploi (ou non) de ces deux mots reste ouvert. Personnellement, je n'aime pas trop "ennuyant". Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien incapable de vous répondre.
En vous souhaitant un bon et captivant week-end !

Citation d'Eugène Géruzez


Dans l’écriture, la main parle ; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles.
 
Eugène GÉRUZEZ, Mélanges et pensées

Autorisation préalable

Aujourd'hui, c'est pléonasmes.
Enfin, théoriquement. Parce que là, il y a matière à débat :
"Autorisation préalable" est-il un pléonasme ?

On rencontre très souvent cette expression, y compris dans des documents officiels. Vous ne me croyez pas ? Allez donc faire un petit tour sur le site www.interieur.gouv.fr.

Pourquoi serait-ce un pléonasme ?
L'action d'autoriser quelque chose intervient avant l'acte pour lequel elle est donnée. Elle répond à une demande qui, elle, est préalable et dont on espère un accord, préalable lui aussi.

D'aucuns rétorqueront, et ce n'est pas faux, qu'on voit régulièrement des autorisations données a posteriori. Dans le domaine du remboursement des soins, par exemple, cette situation est assez courante.
Donc, "autorisation préalable" serait plutôt une redondance, mais pas un pléonasme.
Soit.

Je pense personnellement que le problème vient de la confusion avec l'expression accord préalable, qui est quant à elle parfaitement correcte, mais semble peu à peu supplantée par autorisation préalable.
Pourquoi pas.

Le débat étant loin d'être clos, je pose donc ma paire de ciseaux et arrête de couper les cheveux en quatre... Jusqu'à la prochaine fois.


Ne pas confondre : ciseau et ciseaux

Ciseaux est le pluriel de ciseau. Jusque là, ça va, tout le monde suit.
Bon, et alors ?
Eh bien, il se trouve que les deux mots ne désignent pas vraiment la même chose.

Ciseau (Larousse)
Tige d'acier aiguisée en biseau à une extrémité et qui, frappée au marteau ou à la main à l'autre extrémité, sert à travailler des matières diverses (bois, métal, pierre, etc.) ou qu'on emploie comme levier pour écarter ce qui est cloué.
Mouvement des jambes ressemblant à un coup de ciseaux. (Les ciseaux sont utilisés dans les sauts en hauteur et en longueur, en gymnastique [au cheval-d'arçons], en lutte et au catch, ainsi que dans certaines nages).
Au football, reprise de volée acrobatique, souvent en retourné, alors qu'aucune partie du corps n'est en contact avec le sol.
Je ne vous ai gardé que les principales définitions du mot.


Ciseaux (Larousse)
Instrument formé de deux lames d'acier placées en X, de manière à se mouvoir autour d'un axe, et qu'on rapproche pour couper l'objet placé entre elles. (On dit aussi paire de ciseaux).



Donc, et c'est bien là que je veux en venir :
vous ne prendrez pas un ciseau pour découper du papier, mais des ciseaux, ou mieux, une paire de ciseaux !

Et méfiez-vous, en passant, d'Internet : si vous tapez dans un moteur de recherche d'images "ciseau", vous verrez surtout apparaître... des (paires de) ciseaux !
Qu'on se le (re)dise.

Avoir affaire ou avoir à faire ?

Parmi les expressions qui posent souvent un problème lorsqu'il s'agit de les écrire correctement, il y a ces fichues "avoir affaire" et "avoir à faire". Laquelle faut-il employer et quand ? Sont-elles correctes toutes les deux ?

Répondons tout de suite à la deuxième question : oui, les deux expressions sont correctes. Voilà qui n'arrange rien à l'affaire...

"Avoir affaire" est la forme la plus courante, et c'est elle qui est la plus malmenée. Ainsi, on écrira :
Il a affaire à plus fort que lui.
Vous aurez affaire à moi.
Cette expression se construit soit avec la préposition à, soit avec la préposition avec.

"Avoir à faire" se construit avec un complément d'objet direct :
Il a à faire ses devoirs pour demain.
J'ai à faire un long voyage pour te rejoindre.
Vous remarquerez, en outre, que vous pouvez inverser les termes de la phrase, ce qui n'est pas le cas avec "avoir affaire" :
Les devoirs qu'il a à faire...
Le long voyage que j'ai à faire...
Bref, tout est question de sens et de bon sens...

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Solution de l'énigme d'hier : tous ces mots changent de sens lorsqu'ils changent de genre.

Détente : le point commun

Comme c'est dimanche, on ne va pas risquer une entorse de neurone, ce serait trop bête.
Je vous propose donc une petite énigme, dont je vous donnerai la solution demain (mais sera-ce bien utile ?).

Quel est le point commun entre tous ces mots ?

CARPE
LIVRE
MANCHE
MÉMOIRE
MOUSSE
SOMME
VASE

Les soleils de novembre

Le samedi, c'est poésie.
Cette semaine, je vous propose un (long) texte d'Auguste LACAUSSADE.
À apprendre par cœur pour samedi prochain.

Les Soleils de Novembre 
Un beau ciel de novembre aux clartés automnales
Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ;
Les feux du jour buvaient les gouttes matinales
Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux. 
Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes,
Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ;
Vers l’orient fuyaient et se perdaient leurs lignes
En des lointains profonds et bleus comme la mer. 
Lente et faible, la brise avait des plaintes douces
En passant sous les bois à demi dépouillés ;
L’une après l’une au vent tombaient les feuilles rousses,
Elles tombaient sans bruit sur les gazons mouillés. 
Hélas ! plus d’hirondelles au toit brun des chaumières,
Plus de vol printanier égayant l’horizon ;
Dans l’air pâle, émanant ses tranquilles lumières,
Rayonnait l’astre d’or de l’arrière-saison. 
La terre pacifique, aux rêveuses mollesses,
Après l’âpre labeur des étés florissants,
Semblait goûter, pareille aux sereines vieillesses,
Les tièdes voluptés des soleils finissants. 
Avant les froids prochains, antique Nourricière,
Repose-toi, souris à tes champs moissonnés !
Heureux qui, l’âme en paix au bout de sa carrière,
Peut comme toi sourire à ses jours terminés ! 
Mais nous, rimeurs chétifs, aux pauvretés superbes,
De nos vertes saisons, hélas ! qu’avons-nous fait ?
Qui peut dire entre nous, pesant ses lourdes gerbes :
« Mourons ! mon œuvre est mûre et mon cœur satisfait ! » 
Jouets du rythme, esprits sans boussole et sans force,
Dans ses néants la forme égara nos ferveurs ;
Du vrai, du grand, du beau nous n’aimions que l’écorce ;
Nous avons tout du fruit, tout, hormis les saveurs ! 
En nombres d’or rimant l’amour et ses délires,
Nous n’avons rien senti, nous avons tout chanté.
Vides sont les accords qu’ont exhalé nos lyres !
Vide est le fruit d’orgueil que notre arbre a porté ! 
Tombez, tombez, tombez, feuilles silencieuses,
Fleurs séniles, rameaux aux espoirs avortés !
Fermez-vous sans écho, lèvres mélodieuses !
Endormons-nous muets dans nos stérilités ! 
Plus de retours amers ! trêve aux jactantes vaines !…
Oui, la Muse eût voulu des astres plus cléments !
Un sang pauvre et le doute, hélas ! glaçaient nos veines :
Nous sommes de moitié dans nos avortements. 
Il faisait froid au ciel quand nous vînmes au monde,
La sève était tarie où puisaient les aïeux.
Résignons-nous, enfants d’une époque inféconde :
Nous mourons tout entiers, nous qui vivons sans dieux ! 
O dureté des temps ! ô têtes condamnées !
Fiers espoirs d’où la nuit et l’oubli seuls naîtront !
Eh bien, soit ! — Acceptons, amis, nos destinées :
Sans haine effaçons-nous devant ceux qui viendront ! 
Succédez-nous, croissez, races neuves et fortes !
Mais nous, dont vous vivrez, nous voulons vous bénir.
Plongez vos pieds d’airain dans nos racines mortes !
D’un feuillage splendide ombragez l’avenir ! 
Et vous, ferments sacrés des époques prospères,
Foi, liberté, soleil, trésors inépuisés,
Donnez à nos vainqueurs, oublieux de leurs pères,
Tous les biens qu’aux vaincus la vie a refusés ! 
Auguste Lacaussade, Les Automnales

Avoir l'air...

Diriez-vous :
Cette femme a l'air soucieuse
ou
Cette femme a l'air soucieux ?

On revient sur les différentes situations que l'on peut rencontrer :

- Lorsque le sujet est un nom de chose, l'adjectif qui suit "avoir l'air" s'accorde avec le sujet.
Ex : L'eau de cette rivière a l'air polluée.

- Lorsque le sujet est une personne, alors on peut ou non accorder l'adjectif, selon que l'on voudra ou non insister sur ce qui est exprimé par l'adjectif.
Donc, dans le cas cité au début de ce billet, les deux orthographes sont acceptables. Dans la deuxième possibilité, on insiste sur l'expression (soucieuse) du visage de la femme.

- Dernier cas : si l'adjectif qui suit "avoir l'air" est lui-même suivi d'un complément, il reste au masculin singulier.
Ex : Cette jeune fille n'a pas l'air dur de son frère.

Bon, sans en avoir l'air, on a bien déminé le terrain, là...

Citation de Georges Perec


Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.
Georges PEREC, Espèce d’espaces

Apparence extérieure

Mercredi, c'est pléonasmes. Youpi.

Cette semaine, je dénonce l'insidieux "apparence extérieure", qui fleurit de temps à autre au détour d'un article.
(Un exemple : http://cdlm.revues.org/93)

Si "apparence extérieure" est un pléonasme, c'est tout simplement parce que le terme "apparence" contient déjà la notion d'extériorité.

Définition Larousse :
Aspect, conforme ou non à la réalité, sous lequel quelque chose, quelqu'un apparaît à la vue ou à l'esprit. [...] Ce qui apparaît à la surface des choses, par opposition à ce qui est en profondeur, essentiellement. 

Le plus regrettable, dans l'affaire, c'est que l'on retrouve ce pléonasme jusque dans la littérature. En voici deux exemples :
« Les apparences extérieures n'ont jamais trompé personne. » Claire Martin, Avec ou sans amour
« Par l'apparence extérieure, se manifeste l'intérieur. » Gabriel Meurier, Trésor des sentences
Mais que tout cela ne gâche surtout pas votre semaine...

Ne pas confondre : hâler et haler

Ah, cet accent circonflexe ! Il est tout de même bigrement important ! Je ne le répéterai jamais assez. Et en voici une preuve supplémentaire, avec les verbes hâler et haler.

Hâler
Brunir la peau de quelqu'un, en parlant de l'action du soleil ou de l'air.
(Larousse)

Haler
Élever ou tirer un fardeau à l'aide d'un câble, d'une corde, tirer à soi avec force sur un filin, une amarre.
Remorquer un bâtiment le long d'une voie navigable ou d'un quai à l'aide d'un câble ou d'un cordage, à partir de la berge.
(Larousse)

Pour vous aider à vous souvenir lequel des deux prend un accent circonflexe, pensez au soleil qui hâle votre peau, ce qui ne vous dispense pas de mettre un chapeau !


Métempsycose

Oui madame, ce mot existe. Oui monsieur, on peut aussi écrire "métempsychose". Non mademoiselle, ce n'est pas le titre d'un film d'Hitchcock. Et effectivement, jeune homme, ce mot n'est pas très utile.
Mais voilà, malheureusement pour vous, je suis tombé dessus par hasard et je n'ai pas pu résister au plaisir complètement futile de le partager avec vous, fidèles lecteurs masochistes.

La métempsycose (ou métempsychose) désigne une doctrine selon laquelle une âme peut animer successivement plusieurs corps (humains ou animaux).
Source : Robert 2014
On notera en passant, pour la (toute) petite histoire, que Larousse et Robert ne donnent pas tout à fait la même définition du mot, le premier ajoutant la possibilité d'une réincarnation végétale. De l'importance de consulter plusieurs sources...

Pour en savoir plus, vous pouvez toujours lire l'article de Wikipédia, bien plus prolifique sur ce mot qu'un simple dictionnaire.

Quelqu'un qui plagie une idée d'un auteur ancien pourrait s'excuser en invoquant la métempsycose et dire: «Prouvez-moi donc que je ne fus point déjà cet homme-là. 
Georg Christoph LICHTENBERG

Quelque, quelques

Alors, quelque ou quelques ?

Comme souvent en français, il faut comprendre le sens de la phrase ou de l'expression pour orthographier correctement ce mot.

On utilise quelque au singulier lorsqu'il a le sens de "un certain" :
En quelque sorte, il y a quelque temps.

On le met au pluriel quand il signifie "plusieurs" :
Le manuscrit contenait quelques centaines de fautes.

En tant qu'adverbe, quelque placé devant l'expression d'un nombre, d'une quantité, est toujours au singulier :
Les quelque deux cents spectateurs applaudirent longuement.

NB : l'expression "et quelques" s'utilise toujours au pluriel :
Il y a dans cette salle deux cents et quelques spectateurs.

Précisons enfin qu'il ne faut pas confondre quelque et quel que. Mais cela fera l'objet d'un futur article ici-même...

In memoriam : Looping

Aujourd'hui c'est samedi mais il n'y aura pas, exceptionnellement, de poème.

Il y a un an mourait Looping, le chien de la famille, à l'âge canonique de 17 ans et des broutilles.
Avec ma fille aînée, nous tenions pour lui un blog, "Une vie de chien".
Drôle d'idée, certes. Mais pas si originale que ça (c'est fou le nombre de chiens présents en ligne, via des blogs ou sur Facebook !).
Quoiqu'il en soit, ce blog existe toujours. De temps en temps, on y fait un petit saut, histoire de retrouver un peu notre vieux compagnon de route...
Voici, en particulier, un billet dans lequel Looping se présentait. Il avait été écrit le 12 novembre 2006...

20 000. Ça c'est fait.

La barre des 20 000 vues vient d'être franchie sur ce blog, lors de la publication du 255e article.
Merci pour votre fidélité.
Et maintenant, cap sur les 40 000 rougissants (de plaisir et de fierté) !

Le parallélisme

Ne vous sauvez pas ! Vous êtes bien sur un blog "littéraire" ! Et je vais vous parler de parallélisme en tant que figure de style.

Le parallélisme consiste à juxtaposer ou coordonner deux phrases ou segments de phrases de structure identique ou suffisamment proche pour créer un effet de répétition.
Et rien ne vaut quelques exemples empruntés à la littérature pour bien comprendre cette figure de style...

Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres. L'homme aima les oiseaux et inventa les cages. (Jacques Deval) 
Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps. (Raymond Queneau) 
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
(Jacques Prévert) 
Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j'attends. (Racine)


Apanage exclusif

Mercredi, c'est pléonasmes.
Apanage exclusif : si je n'ai pas entendu cent fois celui-ci, alors je ne l'ai jamais entendu !

À l'origine, l'apanage désignait une partie du domaine royal accordée à un prince qui renonçait au pouvoir (source : Le Robert illustré 2014).
Aujourd'hui, ce mot désigne un bien exclusif, un privilège. La notion d'exclusivité figurant déjà dans sa définition, il est donc inutile de l'affubler de l'adjectif exclusif.

Le sourire est l'apanage, la langue, l'expression de la maternité. Honoré de Balzac

Ne pas confondre : chasse et châsse

Comme quoi, un simple petit chapeau, ça vous change la vie...

Je ne crois pas très utile de revenir sur la définition du mot chasse.
Voyons donc d'un peu plus près châsse :
n.f. (vient du latin capsa -> caisse ; châssis) 1. Coffre où l'on garde les reliques d'un saint. 2. argot œil. (Le Robert, 2014)

Si vous tapez ce mot dans votre moteur de recherche, vous trouverez de nombreuses photographies de châsses. La plupart de ces coffres (ou cercueils-reliquaires) sont de toute beauté. La photo qui illustre cet article représente la châsse de Charlemagne, à Aix-la-chapelle.

"Elle était parée, cette fois, comme une châsse, pomponnée, attifée, tout or et tout rubans." Prosper Mérimée

Châsse de Charlemagne


J'allais oublier : dorénavant, vous savez également pourquoi le a de châssis sort lui aussi couvert...

Tout, tout, tout, vous saurez tout (2)

Le 20 juillet dernier, je vous avais déjà servi une bonne dose de "tout", vous laissant toutefois sur votre faim en vous annonçant un deuxième article sur le sujet... Eh bien le voici. Car nous n'avons pas fait le tour de la question...

Tout autre
En tenant compte de ce que nous avons déjà vu, si tout est adverbe alors il est invariable. C'est le cas dans la phrase suivante :
Parler français correctement est une chose, l'écrire correctement est une tout autre paire de manches.
(Ici, tout autre signifie "entièrement différent")

Mais si tout est utilisé comme un déterminant indéfini, alors il s'accorde :
Toute autre chose serait superflue.
(Ici, tout autre signifie "n'importe quel autre")

Tout + à ou de
Devant les prépositions à ou de, tout s'accorde en genre, mais pas en nombre. C'eût été trop simple.
Ainsi, on écrira :
Elle est toute à son affaire. / Elles sont tout à leur affaire.
Une fête toute de strass et de lumière. / Des fêtes tout de strass et de lumière.

En outre, avec un nom de couleur, tout de est invariable :
Ces femmes étaient tout de noir vêtues.

Tout + en ou contre
Devant en ou contre, tout est invariable :
Ces femmes, tout de noir vêtues, étaient tout en larmes. Leurs filles se pressaient tout contre elles.

Bon, ce sera tout pour aujourd'hui. On ne va tout de même pas en faire toute une histoire !

Chanson d'automne

Le samedi, c'est poésie.
Aujourd'hui, je vous propose un texte de Verlaine qui devrait vous dire quelque chose...

Chanson d’automne 
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone. 
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure 
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte. 
Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Aucun, aucuns

Petit test :
qui, parmi vous, écrirait "Payable en trois fois sans aucuns frais" ?
Ah, je vois avec plaisir plusieurs mains se lever.
On rembobine pour les autres.

Le déterminant indéfini aucun (aucune) s'emploie généralement au singulier. C'est sa forme la plus courante.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'accorde en genre ET en nombre.
D'aucuns me diront alors qu'aucun introduit une notion de singulier, donc l'accord en nombre peut apparaître un rien contradictoire.
Certes. Mais il existe des mots qui ne s'emploient qu'au pluriel, comme funérailles, frais... Et dans leur cas, il faut donc bel et bien écrire aucunes ou aucuns. CQFD.

(source : Bescherelle)

Citation de Jean Ricardou



Le récit n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture.
Jean RICARDOU, Pour une théorie du nouveau roman

Ajouter en plus

Ajouter en plus ?
N'en rajoutez plus !

En effet, ajouter signifie déjà mettre en plus, apporter un élément nouveau, complémentaire ou supplémentaire.
Vous en déduirez que l'expression "ajouter de plus" est elle aussi pléonastique.

Et puis, ajouter quelque chose en moins n'a vraiment aucun sens... Ce qui est encore le meilleur moyen de retenir qu'ajouter en plus est un pléonasme.

Alors, +1 pour ce billet ?

Chat chas shah !

La langue française regorge de mots se prononçant exactement de la même manière, mais désignant des choses franchement différentes. Chat, chas et shah en font partie.
Si je n'ai pratiquement jamais vu quelqu'un écrire un chas (ou un shah) pour désigner le félidé préféré des Français (plus de 11 millions !), j'ai par contre souvent vu le trou de l'aiguille se transformer en matou !
Quant au shah (ou chah, ou schah), il désigne un souverain et nous vient du persan.

Langue sauce piquante

Aujourd'hui, histoire de débuter la semaine en douceur, je vous propose d'aller faire un petit tour sur le blog suivant, surtout si vous ne le connaissez pas encore :


Il est tenu par les correcteurs du Monde.fr, et on y apprend une foule de choses sur notre langue (un peu comme sur le blog que vous êtes en train de lire, mais en moins bien, forcément). 
Je vous recommande tout particulièrement la rubrique La typo c'est pas sorcier. Mais les autres sont bien aussi. Bref, même si vous cliquez un peu au hasard, vous allez tomber inévitablement sur un truc sympa. Et ça, j'achète !

Bon surf et bonne semaine !

Virelangue

C'est dimanche, on se détend !
Puisque vous avez terminé votre grasse matinée, je vous propose un petit réveil intellectuel en douceur(s) en vous parlant un peu de VIRELANGUE.
Un virelangue (ou casse-langue ou fourchelangue) est une locution (ou une phrase ou un petit groupe de phrases) à caractère ludique, caractérisée par sa difficulté de prononciation ou de compréhension orale, voire des deux à la fois. On parle aussi de trompe-oreilles lorsqu’une phrase est difficile à comprendre et donne l’impression d’être en langue étrangère (source : Wikipédia).
Et je suis sûr que vous en connaissez tous.
Personnellement, j'aime beaucoup celui que nous sert Gaston Lagaffe (je vous laisse le soin de retrouver dans quel album, ça vous donnera une occasion de relire cette BD !) :
Chez les Papous, il y a des Papous papas et des Papous pas papas. Il y a aussi des Papous à poux et des Papous pas à poux. Et aussi des poux papas et des poux pas papas. Et même des poux papous et des poux pas papous. Tous les Papous papas à poux papous pas papas sont des Papous à poux papous pas papas, mais les Papous papas pas à poux papous pas papas ne sont pas des Papous à poux papous pas papas, ce sont des Papous pas à poux papous pas papas…
Sinon, tout le monde connaît les célèbres
- Les chaussettes de l'archi-duchesse, sont-elles sèches ou archi-sèches ?
- Un chasseur sachant chasser chasse sans son chien.

Bien.
Combien d'entre vous vont-ils maintenant passer quelques minutes, voire plus, à en chercher d'autres ?
Si vous voulez gagner du temps (paresseux !), allez directement sur la page de Wikipédia...


Complainte du petit cheval blanc

Samedi, c'est poésie.
Mardi dernier, c'était l'anniversaire de la mort de Georges BRASSENS, qui avait mis en chanson un fort joli texte de Paul FORT, la complainte du petit cheval blanc. Encore une poésie que j'avais apprise à l'école. Vous aussi probablement.


Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant. 
Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant. 
Mais toujours il était content, menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant. 
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant. 
Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant. 
Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps, ni derrière ni devant.

Dictons de novembre


La traditionnelle liste de dictons pour le mois de novembre. À compléter via les commentaires !




  • En novembre, si la première neige ne prend pas, de l'hiver elle ne prendra.
  • Quand il tonne entre Toussaint et Noël, l'hiver est en retard. 
  • Quand novembre aura fleurs nouvelles, morte saison sera cruelle.
  • Quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté.
  • Le mois de novembre est malsain, il fait tousser dès la Toussaint.
  • Vent de Toussaint, terreur de marin.
  • À la Toussaint, commence l'été de la Saint-Martin.
  • Autant d'heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines à souffler dans tes mains.
  • Brouillard en novembre, l'hiver sera tendre.
  • Chaleur de novembre nuit fort et provoque de bien des gens la mort.
  • En novembre, bon paysan va vendre son poulain.
  • Novembre, mois des brumes, réchauffe par-devant et refroidit par-derrière.